Brève historique du Suiseki ... pour un très long chemin ...

Le Suiseki trouve ses origines en Chine, probablement au début de notre ère. Il s’agit au départ de représentations de montagnes artificielles au sein des jardins, puis de plus en plus miniaturisées, en coupe ou sur des plateaux exposées à l’intérieur des maisons. Ces « paysages miniatures » symbolisent ainsi la Nature, l’Univers, le Cosmos, et ouvrent ainsi la voie du Tao comme support de méditation et d’intériorisation.

Au Japon, c’est au VIème siècle que l’impératrice Suiko reçoit en cadeau un paysage de pierres miniatures de la cour impériale chinoise, la Chine et le Japon entretenant alors de riches échanges culturels et commerciaux. Le bouddhisme s’empare de ce nouveau concept, ces pierres symbolisant à leurs yeux le mont Shumi, une montagne sacrée censée être située au centre de l’Univers.


Pierre « Yume-no Ukihashi », le « pont flottant des rêves », de l ’empereur Go-Daigo (1288-1339).

En 1050, parait le livre « Sakuteiki », recueil de techniques de jardinage, et notamment d’associations de bonsaï et de pierres en pot. Parallèlement, en Chine, le moine Zuxiu établit le premier catalogue de pierres, où une soixantaines de pierres sont représentées et agrémentées de noms.

Au XIIème siècle, les moines zen s’intéressent au Suiseki, écrivent des ouvrages sur ce sujet.

Le style de pierre appréciée en Chine (abstraite, tortueuse) ne l’est plus au Japon : apparaissent alors les Suiseki de « style japonais », influencé par le zen, épuré, sombre.

Pierre « Yume-no Ukihashi », le « pont flottant des rêves », de l ’empereur Go-Daigo (1288-1339).

Le Suiseki devient un art à part entière ainsi que le théâtre Nô, ou encore la cérémonie du thé.

Au XVIème siècle le Suiseki devient un objet très important pour la cérémonie du thé, un objet recherché, très cher…

A la fin de l’ère Edo et début de l’ère Meiji (1868-1912), on assiste au retour transitoire de la « mode chinoise », avec ré-apparition des Kaiseki, Bonseki, Kiseki.


« Sue no Matsuyama », pin des montagnes éternelles.

Exposition Nippon Suiseki Meihinten

Le Suiseki tombe ensuite dans l’oubli pour réapparaître dans la seconde moitié du XXème siècle avec notamment la création en 1961 de la Nippon Suiseki Association. Depuis, le Suiseki est présent en Chine, en Asie du Sud-Est (Cambodge, Vietnam), presque partout en Europe, et aux USA.

« S’il vous plait, ne riez pas de moi parce que je suis puéril ou idiot, prenant plaisir à contempler une pierre posée sur un plateau. Tout comme chaque bulles dans la mer, ou chaque reliefs montagneux sont différents entre eux, en taille et en apparence, ils ne sont pas différents quand il s’agit de la Nature qui est en eux »

Betsugen Enshi (1294-1364)